Orchestre National des Pays de la Loire

programme

Orchestre National des Pays de la Loire

Neue Vocalsolisten

Direction musicale | Pascal Rophé

Francesco Filidei
Fiori di fiori (2012) / 17’

orchestre

Luca Francesconi
Dentro non ha tempo (2014) / 15’

orchestre

création française
-- entracte --
Luciano Berio
Sinfonia (1968) / 35’

Huit voix et orchestre
Livret, extraits de Claude Lévi-Strauss Le Cru et le Cuit, phonèmes du nom de Martin Luther King, extraits de Samuel Beckett L'Innommable


Fin de la manifestation à 22h10

Trois compositeurs italiens ? Certes. Mais ce qui les rassemble au sein de ce programme est plutôt leur propension commune à se référer à la musique de leurs prédécesseurs. Pas par nostalgie, mais pour la profondeur de champ qu’ouvrent dans le discours musical les greffes d’éléments exogènes. Pour Francesco Filidei l’atavisme de l’orgue, instrument avec lequel il a grandi musicalement, aura probablement orienté cette référence. Luca Francesconi rend quant à lui la citation indétectable, tandis que Berio tisse un réseau intertextuel.

C’est aux Fiori Musicali de Frescobaldi que se réfère Filidei dans Fiori di Fiori, d’une façon qui tient pourtant, bien plus que de la citation, de l’évocation lointaine, ou plutôt parasitée par une soufflerie et des bruits mécaniques simulés. Les modes de jeu partiellement bruitistes qu’utilise volontiers le compositeur (glissando, whistle tone, bisbigliando, souffle dans l’instrument sans embouchure, piano préparé ou joué dans les cordes avec des accessoires) côtoient ici de nombreux appeaux, tuyaux, boîtes à musique, pompe à air, kazoo et bien d’autres. Au-delà de l’effet et sans intention anecdotique, il s’agit de suggérer de façon stylisée la perception que l’on pourrait avoir dans les entrailles mêmes de l’instrument.
Énigmatique, le titre Dentro non ha tempo (« À l’intérieur, pas de temps ») prend pour Luca Francesconi une signification multiple : de Luciana Abbado Pestalozza, qui fut de longues années à la tête des éditions Ricordi, le compositeur se souvient avec affection comme d’une « présence sans temps », mais retient aussi ses liens familiaux avec la grande tradition musicale, qui constitue pour lui un passé intemporel. Métaphoriquement hors-temps, cette œuvre créée à la Scala de Milan l’est aussi parce qu’elle repose sur trois mesures du Don Giovanni de Mozart, dilatées 29 fois en référence à l’année de naissance de Luciana Abbado.
Écrite pour huit voix solistes et orchestre, la Sinfonia de Berio reflète l’engouement des années soixante pour la polytextualité et l’intertextualité. C’est le troisième mouvement, référentiel jusque dans son titre (In ruhig fließender Bewegung), qui propose le maillage de citations le plus dense, au point que la plupart échappent à la reconnaissance. Le scherzo de la deuxième symphonie de Mahler y sert de substrat, accueillant nombre d’objets musicaux trouvés, mais savamment choisis et intégrés à la structure harmonique. Ou comment dissimuler la citation dans la citation.

Pascal Rophé © Marc Roger - ONPL
Pascal Rophé
© Marc Roger - ONPL
Orchestre national des Pays de la Loire © Marc Roger - ONPL
Orchestre national des Pays de la Loire
© Marc Roger - ONPL
Luciano Berio © Universal Edition : Eric Marinitsch
Luciano Berio
© Universal Edition : Eric Marinitsch
Luca Francesconi © Roberto Masotti / Casa Ricordi, Milano
Luca Francesconi
© Roberto Masotti / Casa Ricordi, Milano
Francesco Filidei © Camille Roux
Francesco Filidei
© Camille Roux

Concert parrainé par le ministère de la Culture – DRAC Grand Est, la Ville de Strasbourg, la Région Grand Est et le Conseil Départemental du Bas-Rhin