Sibélius ouvre ce passionnant concert avec la Ve Symphonie.Ecrite en mi bémol, elle fait partie des œuvres les plus austères et les plus radicales qu'ait écrites le finlandais, à l'approche de la maladie et de la guerre civile. Le premier mouvement de la symphonie tente la dialectique statique/dynamique, pendant que le troisième se complait dans l'atrophie avant le sursaut libérateur du quatrième.

En clé de voute, l'architecte Xenakis nous offre la solide construction Jonchaies, pour très grand orchestre (1977). Stochastique, certes, mais avec le lyrisme sans nostalgie de la maturité.
Varèse clôt alors logiquement la soirée avec le feu d'un orchestre de 125 musiciens dont dix percussionnistes qui jouent un rôle essentiel et ne craignent pas de s'exposer. C'est que les «piétinements furieux de l'orchestre» scandent les saccades d'une «vitalité émanant de mille sources». De cette explosion de violence, qui marque la rupture du jeune Varèse avec l'Europe (1921), s'échappe le son obstiné de la flûte qui répète le motif initial aux intervalles non-classiques.


Jean SIBELIUS: Cinquième Symphonie
lannis XENAKIS: Jonchaies
Edgar VARESE: Amériques
Direction: Theodor GUSCHLBAUER


Ce programme de musica 83 est enregistré et diffusé par Radio France (France Musique).